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Dossier

Les monnaies locales en France

18 févr. 2015 La rédaction 1 réaction
Ces dernières années, des centaines de nouvelles monnaies locales ont vu le jour. Plusieurs milliers de systèmes de monnaie locale sont utilisés à travers le monde, dont une trentaine en France. Explications de ce succès. Une monnaie locale, aussi appelée MLC (Monnaie Locale Complémentaire), est une monnaie à usage local exclusif : cette monnaie n’est pas soutenue au niveau national et est destinée à n'être échangée que sur une zone géographique restreinte. Leur usage ne date pas d’hier. Au Moyen Age, les devises locales étaient courantes en Europe : un évêque, un seigneur ou une ville pouvaient "battre monnaie". Cette monnaie cohabitait ensuite avec la monnaie royale. Depuis le XVIIè siècle, les Etats (ou groupes d'Etats) n'ont qu’une seule devise en circulation sur leur territoire, même si des MLC continuent de voir le jour dans de nombreux pays. Disparu dans les années 1950, ce type d’échange est en train de refleurir dans de nombreuses villes et régions d’Europe.

La monnaie locale, les raisons d’un succès

Monnaie locale succes
Ce type de monnaie donne aux habitants un moyen de paiement contre des biens et des services produits localement. Il permet de dynamiser l’économie locale et de réduire notre empreinte écologique en diminuant les émissions de carbone liées au transport. Alors qu'une majorité des flux financiers sont absorbés par la spéculation, les monnaies locales visent à investir l’ensemble des montants dans l'économie réelle, afin de créer du lien social et de favoriser la création d’emplois locaux. «La mondialisation a conduit à désertifier nos bourgs et nos villages, à financiariser l'économie à l'excès, de sorte que sa finalité n'est plus de répondre aux besoins des êtres humains, mais de gagner de l'argent comme si l'argent était en soi LA richesse», constate Philippe Derudder, spécialiste des économies alternatives.
En période de crise, on peut constater une nette augmentation de l’utilisation de ces monnaies locales. Ce fut le cas après la crise de 1929, en Allemagne, en Autriche puis en Suisse. Plus récemment lors de la crise bancaire et financière de 2008, on a pu noter un nouveau boom de l’utilisation des MLC. «C'est la crise financière qui a conduit beaucoup de gens à se poser des questions sur cet outil qu'est la monnaie qui peut servir ou asservir», explique Philippe Derudder.
Aujourd'hui, une cinquantaine de pays ont une ou plusieurs monnaies locales. C'est le cas de l'Allemagne, qui compte une soixantaine de communes utilisant des monnaies locales. On retrouve par exemple le “Chiemgauer" Outre-Rhin. Au Brésil, certains habitants des favelas peuvent régler leurs achats grâce au "Palmas". Autre exemple avec la petite ville d’Ithaca, dans l'Etat de New York, au pays du roi dollar : on y trouve “l’Ithaca Hours”, une monnaie locale qui circule depuis plus de 20 ans à hauteur de 2 millions de dollars. En France, il existe une trentaine de MLC.

Les MLC en France

En janvier 2010, « l’Abeille », la première monnaie locale de France, est lancée par l’association Agir pour le vivant, basée à Villeneuve-sur-Lot dans le sud ouest de la France. Suite à la crise de 2008, les initiateurs du projet ont souhaité revenir aux origines mêmes de la monnaie : l’échange de biens et services sans spéculation. « L’Abeille », comme de nombreuses MLC en France, est une monnaie fondante : elle perd 2% de sa valeur tous les six mois, ce qui rend la spéculation impossible, permet l’accélération des échanges et une plus grande création de richesses au niveau local. Les habitants de Villeneuve-sur-Lot peuvent payer en « Abeilles » auprès des commerçants participants au réseau (sur les marchés, chez le coiffeur ou le quincaillier, etc.) La monnaie reste ainsi dans la localité et profite à la communauté.
Par la suite, d’autres monnaies ont vu le jour un peu partout sur le territoire :

Afficher France des MLC sur une carte plus grandeCarte de france des monnaies locales © http://monnaie-locale-complementaire.net/

Principe de fonctionnement

Prenons l’exemple d’une monnaie locale fictive que nous appellerons le Loom. Les consommateurs échangent 100 € contre 100 looms à une association qu'ils veulent soutenir sans devoir faire de don. Ils peuvent ensuite les dépenser dans des magasins locaux, à parité avec l'euro. Les magasins qui acceptent les looms peuvent les dépenser à leur tour pour leur propres achats ou les revendre 95 € les 100 à l'émetteur des looms. La perte est consentie car ces magasins gagnent la clientèle des consommateurs qui participent au programme. Les associations achètent 100 looms à 97 € et les vendent aux consommateurs 100 €, d'où un bénéfice de 3 € à chaque transaction. Le bureau émetteur des looms en vend 100 pour 97 € et il les rachète à 95 €, la différence remboursant les frais administratifs.
Illustration avec l'exemple du Retz’L, utilisé dans l'agglomération nantaiseMonnaie locale retz
Les monnaies locales sont soumises à TVA : le commerçant qui reçoit des paiements en MLC les déclare dans sa comptabilité (dans son Chiffre d'Affaire) tout comme les paiements en euros.
Si vous souhaitez créer une monnaie locale, vous devrez entres autres :
  1. Constituer le noyau des fondateurs, en veillant à inclure dans le groupe au moins un professionnel dans un secteur d'activité répondant à des besoins courants, afin de pouvoir offrir dès le départ un lieu où le paiement en monnaie locale est accepté.
  2. Rédiger une charte qui définit l’esprit du projet. Elle doit être simple et courte pour être facilement mémorisée.
  3. Définir le cadre légal. Les MLC sont légales en France, dès lors qu’elles circulent parmi un réseau d’adhérents. Les membres doivent donc adhérer à un groupe identifiable. L'association ou la coopérative sont a priori les cadres les mieux adaptés.
  4. Définir les caractéristiques de la monnaie : nom de la monnaie, valeur de la fonte, désignation de l’organe d’émission (la NEF par exemple), illustration des coupures, prévention contre la fraude, etc.
  5. Préparer la communication et une action de promotion de cette nouvelle monnaie.
Utiliser une monnaie locale, c’est avant tout un acte citoyen. «Le mouvement des monnaies locales complémentaires cherche à promouvoir une économie visant l'amélioration de la qualité de la vie pour tous au lieu d'une économie orientée sur la seule recherche du plus gros profit possible à court terme. Les intérêts sont donc moins quantitatifs que qualitatifs.» explique Philippe Derudder. Les monnaies locales soulèvent pourtant de nombreuses interrogations. Pour leurs opposants, ces MLC ne sont pas sans risque. Ils affirment par exemple qu'une telle monnaie crée une barrière qui nuit aux économies d'échelle et à l'avantage comparatif, et que, dans certains cas, elle sert, tout comme les monnaies nationales traditionnelles, de moyen d'évasion fiscale. La question de la dématérialisation de ces monnaies, qui risque de coûter cher, est aussi d’actualité. N’en déplaise à ses détracteurs, les monnaies locales risquent de faire encore beaucoup parler d’elles dans les prochaines années.

Les commentaires (1)

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23 avril 2017 14h51

On nous annonce, d'ici à un ou deux ans, l'arrivée de "la brimbelle"... dans les Vosges évidemment.

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