La situation socio-économique à Mayotte
Malgré cela, les Mahorais restent dix fois plus riches que leurs voisins Comoriens et l’île se heurte à un grave problème d’immigration clandestine. Un système de santé développé, un système éducatif plus performant, de meilleures conditions sociales : Mayotte attise la convoitise des habitants voisins. On estime aujourd’hui qu’un tiers de la population de Mayotte est constitué de Comoriens, dont 80 % en situation illégale.
Avec la départementalisation et toutes les aides financières et sociales que cela implique, Mayotte risque de voir ces problèmes s'amplifier. Afin de ne pas déstabiliser l’économie de l’île, le gouvernement a décidé de ne pas verser immédiatement les prestations sociales au même taux qu'en métropole ou dans les DOM. Le taux devrait s'aligner avec le reste des départements français d'ici 20 ans.
Conformité aux lois de la république
En premier lieu, Mayotte devra mettre un terme à la justice musulmane. Sur l’île, 95% des habitants sont de religion musulmane, et les fonctions judiciaires, civiles et religieuses sont assurées par les Qadis. Les jugements rendus par les Qadis n'auront donc plus aucune valeur légale, même si aujourd’hui la population se tourne plus facilement vers eux que vers les tribunaux d’Etat.
Ensuite, la polygamie, toujours légale à Mayotte, devra être abolie. En avril 2011, lorsque l’île sera un DOM, elle sera totalement proscrite (les mariages polygames déjà conclus resteront en revanche toujours valables). L'âge légal minimum des femmes pour le mariage passera de 15 à 18 ans et le tuteur patrimonial n'aura plus son mot à dire, ce qui permettra de s'assurer du libre consentement de la femme.
Avec la fin de cette influence islamique sur la société mahoraise, c'est tout le mode de vie de l'île qui va devoir s'adapter aux principes de la République. Le processus risque d’être long sur cette île où les noms de famille sont presque inexistants et le code civil rédigé en arabe.
Les intérêts de la France
La France a hésité pendant plus de vingt-cinq ans à accorder un statut définitif à Mayotte. D'abord, parce que la départementalisation va coûter très cher à l'État. Ensuite parce qu’il apparaît très complexe de faire entrer dans le droit commun français une société de structure musulmane. L'Ifrap (Institut français pour la recherche sur les administrations) estime qu'en 2012, pour assurer le bon fonctionnement de son nouveau département, la France devra débourser plus d'un milliard d'euros.D’un point de vue stratégique et militaire, l'île de Mayotte est idéalement située dans l'océan Indien, à proximité de l’Afrique du Sud (le pays africain le plus développé).
Les intérêts de la France dans la départementalisation de Mayotte sont donc multiples. Un autre intérêt, plus politique, serait d’apporter les quelques voix supplémentaires d’un peuple reconnaissant au candidat Nicolas Sarkozy lors des élections présidentielles de 2012.